J’ai perdu ma bosse

Au secondaire, mon amie Hélène m’a fait remarquer qu’elle avait une bosse d’écrivain particulièrement protubérante. Elle en était fière. C’était la preuve qu’elle travaillait fort, beaucoup, longtemps. De mon côté, je me prenais déjà pour un écrivain, et j’étais désemparée de ne voir à mon majeur droit qu’une toute petite bosse là où je serrais mon crayon lorsque venait le temps de faire mes devoirs, d’écrire dans mon journal, de composer une histoire. Je me suis dit que mon travail, mon métier valait plus que ça. Alors je me suis mise à… qu’en pensez-vous?

1) Écrire de plus belle? ou

2) Frotter mes crayons et mes stylos rigoureusement contre ma peau pour en ressortir une bosse plus glorieuse?

3) Ces deux réponses?

Oui, c’est bien le #3, mais dans l’ordre inverse. Je frottais le bout de bois aiguisé contre ma bosse pour la faire grandir et j’appuyais plus fort lorsque venait le temps d’écrire.

Ma bosse n’en est pas devenue plus dodue pour autant.

Vingt ans plus tard, j’ai perdu ma bosse. Oh, il en reste un résidu, mais elle n’a même plus l’ampleur que je déplorais comme étant trop minime au secondaire. C’est l’air du temps. Bien que je préfère écrire au stylo d’abord, reste que la majorité de de mon travail se fait au clavier d’ordinateurs et de téléphones mobiles. Et, non, la bosse ne s’est pas miraculeusement transférée au bout des mes doigts qui tapent…

Plus jeune, je déplorais le fait que je n’avais pas, comme Hélène, une preuve tangible de mon statut d’écrivain. Aujourd’hui, je me rends compte que ce statut me vient de l’intérieur.

Mais ma bosse me manque toujours.

Journée mondiale du livre et du droit d’auteur

Aujourd’hui, c’est la Journée mondiale du livre et du droit d’auteur et, il faut me pardonner, bien qu’elle existe depuis 18 ans, c’est la première année que j’en entends parler (merci, Twitter).

Pourtant, une célébration du livre, de la lecture et de l’importance des droits d’auteur aurait dû être à mon radar.

Écrire est un acte solitaire. Bien que les réseaux s’étendent avec Twitter, Facebook, Pinterest et les autres, bien que l’on puisse être branché et en contact avec autrui alors que l’on pitonne son dernier chef-d’oeuvre à l’ordinateur, chaque écrivain travaille seul.

Ainsi, il est possible que, lorsque vient le temps de partager son oeuvre, l’écrivain – ou, parfois même plus, le lecteur – n’y voit que le produit final et non pas les heures et les années mises à le créer.

Trop souvent, l’on peut croire que les droits d’auteur ne sont qu’ « un extra qui est payé à un créateur quand on achète son œuvre ». Oh que non; c’est son revenu! Le lecteur, plutôt que de se lamenter du prix d’un livre, devrait s’étonner qu’il ne coûte que 19,95 $ (ou, pour la version électronique, 6,99 $).*

En tant que lectrice, je souffre de cette maladie. « Hein, ils demandent combien pour ce livre?! » En tant qu’auteur, je dois me souvenir qu’il y a des lecteurs comme moi lorsque je colporte mon écriture. (C’est aussi pourquoi mes écrits en ligne sont, jusqu’à présent, accessibles gratuitement…)

Peu importe son rôle dans le monde littéraire: consommateur, créateur, fournisseur, il est important de souligner ces journées spéciales consacrées à cet art. J’ai peut-être manqué de célébrer pendant 17 ans, mais à partir d’aujourd’hui, il n’y aura plus d’excuses. Bonne Journée mondiale du livre et du droit d’auteur!

 

* Si jamais un lecteur assidu cherche de la lecture à bon marché, il y toujours, évidemment, les bibliothèques. Ne vous inquiétez pas; les auteurs sont compensés. Le Conseil des arts du Canada verse des paiements annuels aux auteurs canadiens dans le cadre de son Programme du droit de prêt public, à titre de compensations pour l’accès public gratuit à leurs livres dans les bibliothèques publiques du Canada.

« Comment j’ai écrit mon premier livre » – partie 2

Le 8 décembre 2012 à 10 h 30, à la bibliothèque de référence de Toronto, en compagnie de Sonia Lamontagne, Daniel Groleau Landry, Karine Boucquillon et Paul Savoie, je participe à une table-ronde dans le cadre du 20e anniversaire du Salon du livre de Toronto, où nous discuterons de « Comment j’ai écrit mon premier livre ». En primeur, voici une idée de ce que je partagerai:

Puisque la rédaction de mon mémoire de maîtrise avait interrompu, pour plus de deux ans, l’écriture de mon roman « La face cachée du bonheur », j’ai eu recours à des professionnels pour me remettre sur la bonne piste.

D’abord, il y eut la coach Chala Dincoy-Flajnik, de Coach Tactics, qui m’a doucement poussée vers une méthodologie et un plan d’action qui convenait à mon horaire et à mon but ultime d’un roman complet rédigé en moins d’un an. Ensuite, grâce au soutien de l’Association des auteures et auteurs de l’Ontario français, j’ai pu travailler avec l’écrivain Paul Savoie sur la récriture du roman. Je discute plus longuement de ce processus ici.

Ces deux appuis ont fait en sorte que, plutôt que de prendre un autre dix ans, j’ai pu terminer mon manuscrit dans un délai de deux ans. J’ai ainsi une démarche à suivre pour mon prochain livre!

Au plaisir de vous voir au Salon…

Pièce de théâtre interactive: « Meurtre littéraire »

Intrépide détective élucide un mystère
Une intrépide détective, interprétée par Barbara-Audrey Bergeron, tentera d'élucider le meurtre mystérieux de la bibliothécaire.

Reprenant un succès de l’an dernier, la troupe de théâtre communautaire  Productions Nemesis vous invite à venir élucider le meurtre mystérieux de la bibliothécaire le samedi 29 septembre 2012 à 14 h 00 et à 14 h 45 à la bibliothèque centrale de North York (5120, rue Yonge, Toronto), dans le cadre de la Fête de la culture.

Afin de ne rien manquer et de déchiffrer tous les indices de ma pièce de théâtre interactive Meurtre littéraire, assurez-vous d’apporter vos gadgets dernier cri, surtout vos téléphones mobiles, qu’il ne faudra PAS éteindre lors de cette activité théâtrale interactive.

Celles et ceux qui le voudront pourront partager leur numéro de téléphone avec la troupe et courir la chance de jouer un rôle essentiel au déroulement de la pièce (script fourni, improvisation bienvenue!). Tel un dîner-théâtre, mais sans bouffe (on n’a pas la permission d’apporter de la nourriture dans une bibliothèque), les participant(e)s sont invités à suivre l’intrigue et à déterminer qui, dans l’audience, est le ou la coupable.

Productions Nemesis, troupe de théâtre communautaire bilingue, a monté des spectacles à Ottawa, à Hamilton, à Montréal et à Toronto et désire donner aux gens la chance d’écrire, de jouer, de diriger, et de réaliser pour la scène, dans les deux langues officielles.

En collaboration avec la Fête de la culture et le Neighbourhood Arts Network, la bibliothèque publique de Toronto accueille plus de 30 artistes et organismes artistiques de Toronto dans une série de ses succursales, aux quatre coins de la ville.

Meurtre littéraire – à bibliothèque centrale de North York, 5120, rue Yonge
Toronto, Ontario, le samedi 29 septembre, 2012, à 14 h 00 et à 14 h 45.

Au plaisir de vous voir parmi les suspects!

Astuces de déblocage

Il m’arrive – d’après moi, trop souvent – d’être victime d’angoisse de la page blanche. Pourtant, ce syndrome n’est qu’un mythe; il s’agit de ne pas se laisser prendre. Ainsi, lorsque l’angoisse, ou sa petite soeur la temporisation, se présente, j’ai quelques astuces pour continuer à écrire. Je ne me mets pas nécessairement au projet d’écriture du jour mais, à tout le moins, je me mets à l’écriture qui s’impose.

Voici quelques pistes que j’ai utilisées pour me remettre à la tâche:

– Faire une recherche Internet pour des nouvelles insolites. Ces histoires cocasses et invraisemblables peuvent en inspirer d’autres. Cette astuce a mené, entre autres, à ma nouvelle À l’air.

– Ouvrir un livre (que l’on n’a pas encore lu) et en copier une phrase. Écrire la suite. Quelques lignes peuvent suffire pour revenir à la page blanche qui angoissait l’instant précédent. On peut aussi copier une phrase d’un gazouillis (tweet) ou d’un article d’actualité.

– Prendre note des conversations autour de soi, dans le transport en commun, dans un ascenseur, dans un restaurant ou un café. Quelles questions surgissent? Quels personnages s’imposent? C’est plus simple de laisser aller son imagination si on ne fait pas partie de la conversation, mais sait-on jamais, peut-être que vos amies et amis n’auront pas objection à ce que vous quittiez subitement la salle pour aller écrire quelques bribes de texte.

– Entretenir un cahier de rêves. Il s’agit de garder, sur sa table de chevet, un calepin de notes dans lequel on transcrit ses aventures nocturnes. (Vraies ou rêvées, c’est selon.) L’imagination est sans limites lorsqu’on dort. Il faut en profiter. Il faut aussi noter dès que possible au réveil, sinon, on risque de perdre le souvenir d’un rêve marquant. Quelques mots peuvent suffire pour se remémorer des scènes. Plus tard, lorsque l’angoisse de la page blanche se manifeste, relire ses rêves pour éveiller l’inspiration. C’est un rêve qui a inspiré ma nouvelle Timothy’s Blanket.

D’autres astuces peuvent aider écrivains et écrivaines à se remettre à la tâche. Prendre une marche solitaire à l’extérieur, par exemple, ou changer d’environnement. Au fond, il s’agit de ne jamais ne pas écrire…

Vous avez d’autres astuces à suggérer? Donnez-m’en des nouvelles!

L’arbre de la francophonie

Lorsqu’il fut question d’ajouter un mot à l’arbre de la francophonie du Consulat général de France à Québec, j’ai hésité. Il me fallait le mot parfait, original, obscur, intriguant, digne d’une auteur qui se respecte. J’y ai trop songé et j’ai presque abandonné rendre visite à l’arbre lors d’un court séjour à Québec.

L'arbre de la francophonie à Québec

Mais une fois à côté de l’arbre, j’ai décidé de ne plus m’inquiéter. Mon mot, peu importe lequel,  serait en bonne compagnie. Sur d’autres rubans flottaient « effervescent », « inconcevable », « curieux » et « bicyclette ». La francophonie qui flotte au vent, c’est excellent pour contrer la panne de l’écrivain. J’ai cessé de me casser la tête et d’y aller avec mon mot coup de coeur, qui a toujours été « imagination », pour souligner le leitmotiv de tout artiste.

Bilan final: nos mots pour l’arbre de la francophonie étaient « imagination », « crépuscule » (de ma mère), « mignonnes » (en honneur de mes nièces en devenir) et « autobus » (de mon fils). Et, bien que ce soit un commentaire général et générique, une attachée du Consulat nous a fait bien plaisir en affirmant « Que ces mots sont beaux ».

Autre image de l’arbre.