Page vierge

6 h 27. Dimanche matin.

Pour la première fois de ma vie, je n’ai pas eu l’impression d’avoir à sauter la première page de mon nouveau calepin de notes avant d’écrire. D’habitude, je ressens une pression immense – auto-imposée, bien sûr – d’écrire la perfection dès le nouveau calepin ouvert. La page blanche (ou lignée) implore le mot parfait, la phrase bien exprimée, le calembour bien songé. Il y a des années, j’ai décidé que la meilleure façon pour moi d’éviter de figer devant la première page d’un nouveau calepin (surtout que je suis bien la seule à en lire le contenu) était, tout simplement, de la laisser vierge et de passer à la prochaine. Ainsi, si jamais je tombe sur la phrase parfaite, j’aurai un endroit de choix pour elle.

Mais ce matin, éveillée avec le sourire vers 5 h 15, bouleversée par un rêve tout simple, je me suis levée pour écrire le personnage que j’avais incarné pendant la nuit. J’en ai rempli plusieurs pages de mon calepin, au point où il ne m’en restait plus et j’ai dû choisir un nouveau calepin. Que j’ai ouvert à la première page, sans hésiter, pour continuer mon histoire.